par Julien Kergot
La communication animale en tant que service aux animaux et à leurs humains ça ne date pas d’aujourd’hui, mais depuis la parution d’animal talk de Penelope Smith en 1982 cette discipline a connu un essor exponentiel. La proposition de services et de formations pour devenir capable de comprendre les animaux sans aide extérieure est maintenant pléthorique en France comme ailleurs. Naviguer un tel océan de possibilités n’a rien d’aisé, et si j’ai tenté l’aventure avec Shaina Lebeau je dois avouer que ce n’est pas suite à une recherche approfondie et une comparaison systématique de tout ce qui existe mais tout simplement pour une histoire de cooptation. Gilles et Rose Gandi les créateurs de la médecine symbolique (voir articles : …) organisent régulièrement le forum des médecines de l’âme avec des intervenants choisis, et la vidéo de la conférence donnée par Mme Lebeau et son mari à cette occasion m’a donné envie de faire sa formation.
Concrètement c’est quoi la communication animale ?
Ça va dépendre des méthodes utilisées, mais généralement ça repose sur un contact télépathique entre l’animal et l’opérateur, autrement dit, ce dernier contacte psychiquement le premier, échange avec lui afin de transmettre un message au consultant.
On pourrait croire que l’information rapportée par l’opérateur correspond aux préoccupations que l’on attribue généralement aux animaux : nourriture, confort, activités. L’idée fait sens, mais elle pèche par une vision étroite de l’animal, sa conscience, ses besoins et donc la largeur du champ de ses conditions de vie.
Shaina a une idée très précise et bien plus large de la conscience des animaux et de ce qui lie ces derniers à leurs humains. Elle ne souscrit pas à une vision verticale plaçant l’homme au sommet du monde du vivant. Certes nous sommes capables grâce à notre mental de faire des choses extraordinaires, dans le bon sens comme dans le mauvais, et ça nous a donné les outils pour soumettre et contrôler les autres formes de vie, mais ça ne fait pas de nous des supérieurs, en tout cas pas en dehors de notre tête. Si elle place dans le cadre universel l’humain, non au sommet de la pyramide mais au sein de l’écosystème, dans le cadre du foyer où cohabitent des humains et des bêtes, au-delà de la hiérarchie, il y a une orientation très particulière, et un rien figée. L’animal de compagnie et transi d’amour pour son maitre et ce dernier occupe une place centrale pour sa conscience. Il a une mission de vie tournant autour d’un des humains du foyer (avant tout), et au nom de celle-ci il est prêt à toute sorte de comportements personnellement pénalisant (attachement à des « maitres » maltraitants, absorption de maladies et désordre affectant leurs humains, comportements inadaptés destinés à permettre à leurs humains des prises de conscience).
Cette vision radicale, Shaina dit l’avoir développé au travers de l’observation intime des animaux avec lesquels elle communique depuis son plus jeune âge. Elle s’est jurée de rapporter aussi fidèlement que possible leur parole et leurs enseignements. Et c’est cette envie qui a informé autant son approche que la structure de ses communications et le contenu des formations qu’elle propose.

Selon sa méthode, une communication animale est un échange profond entre l’animal et ses humains qui peut prendre entre 2 et cinq heures ! Si le premier est très content de pouvoir enfin se faire entendre, il est primordial qu’il soit vraiment entendu et écouté… Il ne parlera pas de la pluie et du beau temps, il s’exprime sur ce qu’il y a de plus profond dans le foyer qui l’accueille. Il est en contact avec les inconscients, les pensées et les émotions de tous ceux qui le constituent. Pour qu’il puisse être bien il faut que ses humains le soient aussi, et donc pour cela qu’ils fassent des changements dans leur vie, règlent des problèmes plus ou moins conscientisés. C’est pour cela que Shaina a développé un code d’éthique et de fonctionnement de la séance assez drastique. Une communication ne peut et ne doit être faite que si chaque humain du foyer, est présent lors de la communication et s’engage à écouter, prendre au sérieux les informations secouantes qui leur seront offerts mais surtout s’engage à mettre en œuvre les changements qui leur permettront de sortir des ornières dans lesquels ils se sont enfoncés pendant des années, et qui sont si délétères pour le cadre de vie de tout le foyer.
L’animal est en contact avec ce qu’il y a au cœur de l’âme de chacun de ses humains, et donc dans le cadre de la communication, l’opérateur va être lui-même mis dans la confidence pour que le message soit partagé, c’est un peu comme s’il avait accès aux dossiers les plus douloureux de toutes les personnes du foyer. Demander une communication n’a rien d’un acte anodin. Il faut être prêt à être vu comme jamais, être secoué et se mettre en mouvement pour changer pour le bien être de ceux qu’on aime mais surtout pour nous même.
La télépathie
Le concept ne nous est pas étranger, on le retrouve dans maintes histoires fantastiques où des personnages on la capacité de lire chacun des mots prononcés en son for intérieur par tous ceux qu’il choisit d’écouter. Heureusement pour nous et nos secrets inavouables, vraisemblablement ce genre de super pouvoir, n’a pas l’air d’être répandu dans la réalité.
La télépathie, la vraie c’est un peu plus compliqué qu’une transmission verbatim de mots et d’images.
En France on parle une langue commune où les mots (ces assemblages de sons ou de lettres) sont clairement définis. Cette convention nous permet de transmettre des idées, des instructions et des informations de manière très efficace mais elle a ses limites. Il nous suffit de changer de pays pour en éprouver les fermes contours. Cette convention est abstraite, articulée, et en dehors de quelques élans poétiques, au niveau du cœur elle est assez pauvre. Le réel et la manière dont on le perçoit peut-être d’une très richesse qui va bien audelà de ce qu’on peut véhiculer avec nos petits mots.
On a en nous une langue qui nous est propre, une qui n’est pas faite que de mots mais aussi d’images, d’odeurs, de sons, de sensations et d’émotions. Et on n’a pas besoin de creuser bien loin pour nous rendre compte que notre relation au monde, que la manière dont on le retient, dont on l’invente et dont on joue avec est très très personnelle. Corollaire immédiat, le même mot français peut donner lieu à tout un éventail de représentations internes variées et des fois contradictoires.
Le travail qu’on se propose de faire en formation en communication animale c’est d’apprivoiser notre langage intérieur, par exemple en calibrant des fondamentaux comme les émotions. Comment sent on la joie ? Qu’est-ce que ça provoque en nous comme sons, comme sensations (types, localisation,…). La communication télépathique se fait généralement au travers de symboles, sons et sensations , et même si des fois des mots peuvent s’imposer dans notre esprit ce n’est pas nécessairement parce qu’ils ont été pensés tels quels par l’être dont on reçoit l’information. Ça relève plutôt d’une traduction intuitive.

La communication télépathique n’est pas limitée par le temps et l’espace, en tout cas pas quand on reçoit un animal. Elle est multidimensionnelle, autrement dit au-delà d’une immédiateté première elle regorge de profondeurs. Personnellement je trouve que bien trop souvent les messages offerts par les médiums sont d’une platitude embarrassante. Ils enfilent des lieux communs comme des perles. Il y a qui sur un mode bisounours vous font coller un diabète en l’espace de quelques minutes d’amour, de bienveillance et d’espoirs génériques. Des fois ça peut être plus poétique que sirupeux, mais c’est rarement utilisable concrètement. Tout simplement parce qu’entre ces lieux communs et la situation hautement personnelle du consultant il y a un monde. Et pour moi c’est là où la méthode de Shaina Lebeau se distingue de bien d’autres approches, l’accent est mis sur la profondeur.
Que le symbole flatte les sens du télépathe ou pas, on creuse. Qu’est-ce que ça veut dire pour de vrai ? concrètement, dans son aspect le plus réel et prosaïque pour les consultants ? Chaque symbole, chaque sensation est questionnée, afin de déterminer son sens au-delà des associations immédiates et des interprétations hautement personnelles que pourrait faire le télépathe. Ce dernier n’est pas là pour s’insérer dans la communication, pour interpréter les choses à sa sauce, injecter ses expériences de vie et sa grande sagesse. Il est au service complet de l’animal, de son message mais aussi des humains concernés. On ne va pas balancer un rapport écrit direct. Il est de la plus grande importance que le message soit entendu par les humains et suivi de fait, donc après avoir creuser, le télépathe échange à l’oral avec chacun des humains, s’assure que chaque idée fait sens, et rentre en résonnance avec le vécu de l’humain.
Les conseils, pour être utilisés, doivent être sur mesure, et l’animal, qui est en lien direct avec tout ce qu’est son humain est particulièrement bien placé pour proposer quelque chose de précis et d’aidant. Le télépathe ne pourra se contenter du « X doit apprendre à lâcher prise » qu’il pourrait capter en première instance. Ce genre de platitude mettent souvent leurs récipiendaires en situation d’échec, car si jusqu’ici ils n’ont pas réussi à faire cette chose si évidente vu de l’extérieur c’est que quelque chose coince, quelque chose qui doit être adressé, et intégré. Il faut offrir une méthodologie adaptée à celui qui doit effectuer un changement d’une telle envergure à son échelle personnelle.
La télépathie, c’est accessible à qui ?
Alors qu’on grandit notre cerveau change, en forme mais aussi dans son fonctionnement. Dans les six ou sept premières années les ondes cérébrales sont assez lentes (ondes alpha) et l’enfant vit dans un monde entre la réalité et ce qui semble à l’adulte un pur délire imaginaire. Arrivé à l’âge de raison, à sept ans, il y a une bascule très importante vers les ondes béta, et quelque chose de structuré, raisonné, et pleins de jugements à l’aune des croyances absorbées durant la première phase. Il se trouve que les animaux eux ont une conscience non verbale qui se traduit par une activité cérébrale en ondes alphas, ce qui fait que naturellement beaucoup d’enfants ont une communication avec les animaux autour d’eux, une communication de cœur à cœur, pas nécessairement cohérente ni articulée, qui est généralement niée et rejetée par les adultes autour d’eux. Le passage à l’âge de raison et le conditionnement social fait que pour beaucoup la télépathie est éjectée de manière durable. Heureusement ceci n’a rien d’une fatalité.

Même si alors que les rides se creusent et que nos tempes blanchissent tout semble perdu à jamais, on peut retrouver le chemin vers nos capacités d’enfants. Ça peut être plus ou moins dur suivant les modes de fonctionnement développés plus tard dans la vie. Les poètes et grands sensibles comme beaucoup de marginaux marchent entre les mondes, et ils auront des facilités à retrouver le chemin vers une utilisation pertinente de l’alpha. Pour les « scientifiques cartésiens » et les gens dotés d’un mental hyperactif ça sera une toute autre affaire. Il y a bien des choses qui peuvent se mettre en travers du retour à nos capacités enfantine. Mais aussi dur que ça puisse paraitre le jeu en vaut la chandelle et ce bien au-delà de l’acquisition de la télépathie. Mettre un peu de cœur dans le monde froid et robotique d’un mode d’être analytique et scientifique, c’est comme passer du noir et blanc à la couleur, ça change la vie.

Durant le stage nous avons pu voir se dessiner des écarts vertigineux entre différents participants mus par la même envie et la même opiniâtreté, mais aux dires de Shaina, les seuls à ne pas avoir réussi à retrouver leurs capacités et à les utiliser de manière pertinente sont ceux qui ont abandonné. Si on s’accroche, ça peut prendre du temps, mais ça finit toujours par payer.
Ceci dit, des fois les blocages conséquents doivent être adressés avec plus que de l’assiduité. Parfois il faut passer par la case thérapie pour lever ces obstacles qui généralement se sont métastasés à bien des niveaux et qui gâchent la vie (en plus de bloquer l’accès à la télépathie).
Comment ça fonctionne ?
C’est sans doute la motivation première de mon inscription au stage. Je voulais savoir comment son approche permettait l’accès et l’exploitation de faire de la télépathie sans passer par le mode théta comme je peux le faire en Hypnose régressive ésotérique (HRE). Vu mon parcours, j’avais déjà certaines pistes, et sincèrement, aucun des ingrédients du mix proposé pour lancer la séance ne m’était inconnu.
Toutefois avec des ingrédients de bases, suivant l’ordre d’utilisation, le dosage et d’autres facteurs on peut faire bien des recettes, très différentes et plus ou moins ragoutantes. La liste des astuces pour contrôler le mental, ouvrir son cœur et se mettre en alpha est longue, trouver la bonne combinaison c’est du travail. Il est hors de question que je coupe l’herbe sous le pied de sa formation et que je révèle sa recette secrète que j’ai trouvé plutôt efficace. Si vous la voulez il vous faudra faire le stage d’initiation.
Ceci dit, pour un participant lambda qui n’a pas nécessairement un grosse culture développement personnel, PNL, sophrologie, hypnose etc, il est possible qu’il se retrouve limité par la version proposée durant le stage. On apprend une série d’actions sans nécessairement s’attarder sur les principes qu’elles mettent en oeuvre. Si la recette est adaptée pour la majorité, certaines personnes ne sont pas compatibles et donc peuvent être bloquées. Heureusement…
Pratique collective, et feedback bienveillants
Au final dans la théorie, la théorie est maigre, mais on se voit offrir durant le temps partagé quelque chose de bien plus important qu’une recette qui tiendrait sur une paire de pages : un accompagnement. Et là Shaina et son équipe brillent sur ce point.
Faire ses premiers pas en télépathie, aussi doué qu’on puisse être, relève de la gageure. Tous les participants se retrouveraient facilement empêtrés et stoppés par les doutes s’il n’y avait pas la possibilité de mettre leurs essais à l’épreuve du réel, et si ils n’avaient pas dans ces occasions les encouragement, les mises en garde comme les bonnes astuces pour étayer leurs tentatives. En trois jours de formation, on a eu l’occasion de faire 5 exercices de lecture, qui se sont terminés par des mise en commun. Les participants ont pu comparer leurs communications avec celles leurs camarades et de leurs enseignants. Ils ont pu voir qu’au-delà de leurs idiosyncrasies, ils captaient réellement des choses qu’ils n’auraient pu deviner par d’autres voies. C’est toujours très impressionnant de voir alors que quinze personnes vont faire la même communication, la richesse de l’information qui peut être trouvée, mais aussi les thèmes récurrents.
Les participants les plus en difficultés ont été pris à part pour des coups de pouce plus individualisés.

Le troisième jour a été l’occasion de travailler côte à côte avec des participants un peu plus avancés (souvent qui cherchent à se professionnaliser) et de voir les effets d’un entrainement assidus sur la qualité et la finesse du travail. Durant le stage on lance le processus, mais ce n’est qu’un premier pas, et si on veut faire des communications riches, pertinentes et permettant une évolution positive de la situation pour toutes les parties concernées, il va falloir bosser d’arrache-pied et c’est là que les groupes Facebook officiel des élèves de leur école apparaissent comme une aide formidable. Dans ces derniers il est possible d’avoir des situations pratiques et tous les élèves motivés peuvent faire la lecture, offrir leur travail, et les débutants pourront voir ce qu’ils ont réussi, ce qui peut sembler à priori à côté et le chemin qui reste à parcourir.
Analyse comparative
Ce qu’on obtient lors d’une communication animale, pourrait faire penser à l’équivalent d’une quinzaine de séances de thérapies familiales. Quinze ça fait beaucoup, mais il faut dire qu’accéder à la plus pure des intimités au-delà de la valse des masques et des postures, relève de la gageure.
Ça pourrait faire penser aussi à certaines voyances offertes par des médiums, ou au travers de lecture d’annales akashiques sauf que généralement (mais pas obligatoirement) toutes ces approches ont tendance à filtrer la masse colossale et non organisée d’informations au travers d’entités invisibles (guides pour les premiers, seigneurs des annales akashiques, êtres chers, enseignants pour les seconds). L’information est donc biaisées par des entités dont on ne sait pas grand-chose (d’où viennent elles ? Au-delà de la bienveillance affichée que veulent elles ? …) Avec la communication animale, c’est la parole d’un ami intime de la famille, d’un être qui nous aime pardessus tout et qui suis nos pérégrinations depuis longtemps. Un qui a accès à nos blessures passées, comme à nos tourments présents, les notes et ceux de nos proches, et qui peut nous proposer des réponses détaillées au-delà d’un mouvement égocentrique qu’on retrouve si souvent dans le domaine du développement personnel. Avec la communication animale, c’est avançons tous ensemble.
Si on compare maintenant cette approche avec l’hypnose régressive ésotérique méthode Grifasi (HRE), ça soulève des points d’interrogation mais aussi des réflexions quant à ce qui se passe de manière pratique. Ma plus grosse objection à la communication animale en prenant la perspective Grifasi c’est qu’un animal peut être lui aussi interféré et donc sa conscience peut être sacrément à côté de la plaque voire même complètement contreproductive pour ce qui est de l’aide de son humains (potentiellement asservi par la même entité).
En HRE le télépathe est en ondes thêta ce qui est bien plus profond que l’alpha. Ça limite naturellement le mental, provoque automatiquement de la profondeur dans l’information… dans une certaine limite. En effet, le télépathe en HRE, fonctionne dans un univers bien limités et très codifié, et il est moins habitué à travaillé sur au contact l’immensité des errements et vexation dont le consultant peut faire l’expérience dans sa vie. Il n’est pas habitué à faire le tri dans l’information, ça c’est le rôle de l’opérateur qui n’a pas toujours l’habitude de rentrer dans les détails. Est-ce problématique ? Non, pas vraiment, du moment qu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Si on reste en HRE uniquement dans la perspective ésotérique de la libération de « l’âme » des interférences extérieures et qu’on reste dans la matière quand on fait des communications animales, il n’y a pas de problème… mais moi quand je vois deux couleurs la première chose que je me demande c’est qu’est ce que ça donne quand on les combine.

Personnellement je pense qu’il est possible de combiner un peu les deux approches. Je pense qu’un télépathe Grifasi peut beaucoup apprendre et progresser en faisant parallèlement de la communication animale, la rigueur et l’ouverture ainsi développée élargiront la finesse de sa vision en HRE.
Je m’imagine bien, à terme, faire des lectures d’âmes (au lieu de contacter notre chat pour parler de nous, autant aller à la source et nous adresser à notre âme/partie subliminale) mais ça, ça ne sera possible qu’après que le consultant ait fait son HRE. L’apprentissage fait en communication animale permettra d’avoir des informations bien plus pertinentes sur les problèmes de l’incarnation qu’on peut obtenir actuellement en HRE avec le cadre stéréotypé et le questionnement un peu grossier qu’on utilise habituellement.